Les jeux traditionnels sont compétitifs : on joue les uns contre les autres, il faut être le meilleur (ou la meilleure équipe) pour remporter la victoire. On connait tous le principe. Mais cette nouvelle tendance, les jeux coopératifs, qu’est-ce donc ?
Les jeux coopératifs sont des jeux où tout le monde gagne ou perd ensemble. Les joueurs forment une seule et même équipe, à la poursuite d’un objectif commun. Ils font face à une menace extérieure, représentée par le jeu lui-même (un ennemi à vaincre, un phénomène naturel à éviter ou à un défi à relever). Ils doivent donc être solidaires et s’entraider pour atteindre l’objectif. Les jeux coopératifs proposent l’expérience d’essayer de gagner avec les autres plutôt que contre. Ils permettent de vivre la solidarité de manière concrète et agréable : on va réfléchir, se concerter, s’organiser, planifier en mobilisant les compétences de chacun. Terminées les craintes de ne pas se sentir à la hauteur, d’avoir peur d’affronter un joueur trop fort ou surentrainé au jeu.
D’où vient cette idée ?
Rapide historique des jeux coopératifs
Les jeux coopératifs, au sens large, sont nés outre-Atlantique dans la mouvance non-violente issue de la période de la guerre du Vietnam. Le Canada voit la publication d’études soulignant le fort taux de coopération dans les jeux des enfants de certaines sociétés primitives non-violentes. Le concept arrive alors en Europe via l’Allemagne grâce à la société Herder Spiele qui édite dans les années 80 une collection de jeux coopératifs à destination des enfants (Sauerbaum, Corsaro, Eskimo). Progressivement, le jeu coopératif fait son entrée chez certains autres éditeurs qui, aujourd’hui encore, sont des spécialistes du jeu enfants. Depuis quelques années, le jeu coopératif envahit aussi les gammes pour adultes (Le seigneur des anneaux de Reiner Knizia en est l’un des premiers par exemple).
Pourquoi est-ce que ces jeux coopératifs procurent une expérience de jeu si particulière ?
Parce qu’on partage une histoire.
Le thème est important : les joueurs se retrouvent dans la peau des personnages d’un film ou d’un roman. A l’image du jeu de rôle, on vit une aventure en groupe qui peut se solder aussi bien par une victoire que par une défaite (on ne connait pas la fin de l’histoire !). Dans l’Ile interdite, par exemple, on incarne des aventuriers qui ont chacun leur spécialité et qui doivent trouver les 4 trésors de l’ile avant qu’elle soit engloutie par la mer.
Parce qu’on partage une stratégie.
On compare les points de vue, on débat, on ne garde pas pour soi ses idées ni ses craintes. Les interactions sont franches et ouvertes. Dans le Désert interdit par exemple, les joueurs doivent gérer les réserves d’eau, le déplacement de la tempête de sable, le soleil qui cogne et les recherches dans les ruines… Oui tout ça en même temps. Avec les Taxis de la Marne, il faut faire monter les soldats dans les taxis pour qu’ils renforcent l’armée tricolore en jonglant avec les contraintes de temps et de place… plus les imprévus.
Attention aux faux amis : les jeux semi-coopératifs. Ces jeux sont différents des coopératifs classiques car tous les joueurs affrontent l’un d’eux. Scotland Yard par exemple voit un malfrat tenter d’échapper dans les rues de Londres à une équipe de policiers.
Hanabi : l’exception qui confirme la règle.
Récompensé par le prix magistral “Spiel des Jahres” en 2103, Hanabi est un jeu coopératif très épuré et très efficace. Sa spécificité est qu’on est limité dans la communication. Comme on voit les cartes des partenaires mais pas les siennes, il faut bien réfléchir à l’information que l’on veut donner, d’abord parce qu’elle coute un précieux jeton, ensuite parce qu’il faut qu’elle soit bien interprétée par celui qui la reçoit. Donc pas de débats, pas de longues démonstrations pendant la partie (à la fin du jeu, oui, on règle évidemment les comptes car on a des choses à dire), chaque joueur dépend de ce que ses partenaires feront de lui et des déductions qu’il fera. Purement coopératif.