L’auteur international Phil Walker-Harding vient de sortir un 3e jeu dans notre gamme. Questions-réponses à la rencontre d’un grand monsieur :
1° Pouvez-vous vous présenter ? Est-ce exact que vous vivez à Sidney et que la conception de jeux est une activité à plein temps pour vous maintenant ? Que faisiez-vous avant cela ?
Je conçois des jeux depuis environ 15 ans maintenant ! Au cours des dix premières années, il s’agissait principalement d’un passe-temps, mais cette activité s’est développée au fil du temps. Donc oui, je dirais que je conçois (à peu près) à plein temps maintenant. Je travaille également à temps partiel pour mon église et, depuis cette année, j’ai ma propre activité d’édition de jeux pour enfants : Joey Games. J’ai exercé plusieurs métiers dans le passé, comme celui d’enseignant, mais à l’origine, je voulais être cinéaste et j’ai étudié le cinéma et la vidéo à l’université.
2° Sushi Go est votre quatrième jeu publié et il est beaucoup plus simple que les précédents. Était-ce un souhait de votre part de faire des jeux plus simples pour atteindre un plus grand public ?
J’ai toujours été très intéressé par les jeux qui sont simples à jouer mais qui offrent des décisions cruciales. J’adopte cette approche pour tous mes jeux, mais bien sûr, certains sont encore plus simples que d’autres ! Avec Sushi Go, mon objectif était de créer un jeu qui mette en évidence le caractère amusant du mécanisme de “draft”. C’est pourquoi je voulais le moins de règles possible, afin que rien n’empêche les joueurs de goûter à la joie simple de prendre une carte et de passer le reste.
3° Pourquoi avez-vous choisi ce thème et comment êtes-vous arrivé à cette mécanique simple et directe ?
Après avoir apprécié Fairy Tale et 7 Wonders, je voulais faire un jeu avec le même mécanisme, mais je voulais qu’il soit plus facile à appréhender que ces jeux. Au tout début du processus de conception, je n’avais pas de thème, mais très vite, je me suis demandé “Qu’est-ce qui se déplace sur une table ?”, puisque c’est ce que font les cartes dans le jeu. J’ai tout de suite pensé à un restaurant : “Sushi Train”, où un tapis roulant fait circuler des plats de sushis. Cela semblait parfaitement adapté !
4° Concernant Sushi Roll et Sushi Go Party, était-ce un souhait initial que le jeu ait des suites ?
Peu de temps après la première publication de Sushi Go, Gamewright (l’éditeur) a demandé une suite et a suggéré une version avec des dés. Pendant un certain temps, j’ai donc réfléchi à d’éventuelles suites. J’ai essayé beaucoup de choses différentes avec des dés, mais rien ne me semblait très satisfaisant ni original. Après des années d’essais, j’ai finalement réalisé que le jeu devait consister à faire circuler les dés sur la table, pour qu’il ressemble davantage au jeu de cartes original. Pendant ce temps, j’ai également conçu Sushi Go Party. J’avais quelques idées pour une extension de Sushi Go et un jeu de plateau Sushi Go, et je les ai en quelque sorte mélangées pour faire Sushi Go Party !
5° Parlons maintenant de Super mega lucky box, comment avez-vous eu cette idée ?
Ce jeu a eu un début similaire à Sushi Go, d’une certaine manière. J’aime beaucoup le mécanisme du “Bingo” que l’on retrouve dans des jeux comme Take It Easy, Augustus et Karuba. Mais je voulais quelque chose qui se rapproche davantage de la réalité du bingo. J’ai donc essayé de concevoir un “Bingo mais avec des décisions”. C’est pourquoi j’ai fait en sorte que les cartes ressemblent à des cartes de bingo, que le jeu reste abstrait et ne concerne que les chiffres qui sont annoncés.
6° SMLB, selon nous, est un jeu qui parle et qui peut être joué par presque tout le monde, ce qui est génial. C’est aussi un jeu avec une courbe d’apprentissage où la chance peut être un peu contrôlée. Était-ce un objectif lorsque vous l’avez conçu ?
Oui ! Le bingo normal est bien sûr un jeu de hasard complet et je savais que ce jeu devait avoir le même type de hasard. Mais je voulais aussi que les joueurs soient capables de planifier un peu et de choisir parmi plusieurs façons de marquer des points. Je suis donc heureux que vous pensiez que cela se reflète dans le rendu final !
7° Nous sommes impressionnés par le fait que vous concevez des jeux extrêmement différents. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce paradoxe ?
Je suppose que c’est parce que j’aime un large éventail de genres de jeux. Et éventuellement, dans n’importe quel genre auquel j’aime jouer, j’aurai la démangeaison d’essayer de créer quelque chose ! C’est certainement de là que sont venus mes récents jeux Platypus et Snakesss. J’appréciais beaucoup les nouveaux jeux d’ambiance, alors je me suis dit que je devais essayer d’en créer un.
8° Comment et avec qui testez-vous vos prototypes ?
Je fais beaucoup de tests avec des joueurs très occasionnels. C’est parce qu’ils constituent la majeure partie de mon public, mais aussi parce que j’aime voir la réaction des gens “normaux” qui ne sont pas trop impliqués dans ce hobby. Cela m’aide à m’assurer que les règles sont aussi faciles à comprendre que possible. Je teste avec un certain nombre de groupes différents et, récemment, j’ai également envoyé des exemplaires à différentes familles pour faire des tests à distance.
9° Pouvez-vous nous en dire plus sur les jeux en Australie ?
Le hobby ici en Australie est un peu en retard par rapport à des endroits comme l’Europe et les États-Unis, mais il se développe indiscutablement. Ce n’est que récemment que des jeux comme Catan et Ticket to Ride sont sortis dans nos grands magasins, mais c’est un grand pas en avant. Comme nos grandes villes sont très dispersées, il est difficile d’avoir une scène nationale du jeu de société, mais elle se développe. Il y a aussi quelques éditeurs cool qui émergent ici, ce qui est génial à voir.
10° Quelle est votre image des jeux français ?
Je pense que les jeux qui viennent de France ont un style incroyable. Les éditeurs français semblent faire un effort supplémentaire pour que leurs jeux soient des produits beaux et agréables. Je trouve aussi que la plupart des jeux que j’essaie des créateurs français sont accessibles et immédiatement fun. C’est quelque chose qui me parle beaucoup !